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Dans mes souvenirs, On a déménagé souvent.

By Mouslimati  |   From : Marseille, France  |   School : Ecole de la 2eme Chance (Marseille)

Je m’appelle Mouslimati j’ai 23 ans. Ma mère est née aux Comores et mon père est né à Madagascar. Ma mère s’est mariée à l’âge de 18 ans et mon père à l’âge de 23 ans. Je suis l’aînée de la famille. J’ai 2 sœurs et 4 frères. On est 3 à être nés à Mayotte les 3 autres sont nés à Marseille. Il y aussi mon autre petit frère qui est né au Comores et que mes parents ont adopté à l’Age de 2 ans. C’était le neveu de ma mère. Sa sœur est morte à l’âge de 24 ans. Elle a accouché et au bout du 7éme jour elle est morte. Ma grand-mère était trop âgée pour s’en occuper. Elle a demandé à ma mère si elle pouvait s’occuper du petit car les autres n’étaient pas capables de le faire. Ma mère a accepté.

Je suis née à Mayotte à Mamoudzou. L’île de Mayotte est séparée en deux : il y a la petite terre et la grande terre. On vivait dans la petite terre. Dans mes souvenirs, On a déménagé souvent. Soit parce que c’était petit, soit parce que ce n’était pas confortable. Mes parents sont le genre de personnes qui ne supportent pas que les personnes soient dans le besoin. Ils hébergent les personnes dans le besoin et pas forcément des personnes de la même origine, de la même couleur, ni des mêmes croyances religieuses.

Ma mère m’a eu à l’âge de 19 ans. A l’âge de 3 mois j’ai eu une opération. A Mayotte j’ai fait 3 opérations qui n’ont pas marchées. Les médecins disaient que je devrais changer de climat parce que le climat la bas était insupportable pour moi. Ils ont conseillé à mes parents d’aller en France et que j’aurai des meilleurs soins. Ma mère ne connaissait personne en France à part la famille de mon père. Mais mon père avait choisi la femme qu’il aimait et non la femme que sa famille voulait pour lui. Il y avait choisi un cœur est non une couleur, ni une origine, ni une croyance. Alors mon père n’avait plus de contact avec sa famille de Paris. Mon père aimait très fort ma mère. Ma mère a toujours rêvé d’avoir un magasin et mon père a réalisé son rêve. Mon père n’est pas le genre d’homme qui est dérangé si sa femme travaille. Ma mère a réussi à faire construire sa maison. Elle a réussi à faire construire une maison pour sa grande sœur. Elle a réussi à acheter un grand terrain à moi et à ma petite sœur pour pourvoir construire une maison à nous aussi ….   Ma mère à Mayotte possédait des magasins d’alimentation et mon père était chef de sécurité dans une société qui s’appelle San dragon.

Un monsieur qui était hébergé chez nous, a proposé à mes parents de demander à sa sœur qui vivait à Paris, de nous héberger en France. Ma mère ne connaissait pas beaucoup ce monsieur qu’elle avait hébergé depuis peu chez nous. Mais Je suis venue en France à Paris le 20 mai 2012.

Je m’en rappelle comme si c’était hier. Ma mère a dit à mon père : «  je pars, ma fille souffre depuis l’âgée de 3 mois !!! » J’avais en effet du mal à respirer, j’avais beaucoup d’allergies, des problèmes aux amygdales. J’avais le teint très pale, j’étais très mince.

« Elle souffre et elle passe sa vie à l’hôpital, elle a 9 ans maintenant, ce n’est plus possible, il faut réagir. »

Ma mère âgée de 27 ans, décide de partir et de laisser mon père avec ma petite sœur de 7 ans et mon petit frère de 3 ans pour partir avec moi. Elle avait l’espoir mais ne parlait pas Français. Moi, je ne pense pas que j’aurai pu avoir le même courage que ma mère. Elle me disait souvent en souriant : « tu verras ma fille tu vas aller mieux ».

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Arrivée à Paris: en descendant de l’avion, j’ai vomi. J’étais faible. On était les derniers à sortir de l’avion. Ma mère me répétait « c’est rien, ne sois pas triste ce n’est pas grave… ». J’étais habillée en rouge. Et comme si ma mère l’avait su, elle avait préparé des nouveaux vêtements. Me voici alors en bleu ! Les hôtesses nous sont venues en aide. A ma sortie de l’Avion, j’ai trouvé que le climat était plutôt frais. Nous n’étions pas choqués de la France. C’est sûr, Paris est juste magnifique. Mais nous connaissions déjà ce qu’étaient les immeubles à Mayotte dans la petite terre. Nous étions déjà Citadin (civilisé) à Mayotte. Je parlais déjà le Français. Je n’avais pas du tout du mal à m’exprimer.

Imaginez ma mère à la sortie de l’aéroport ! Elle ne connaissait même pas la personne qui venait nous chercher. Lorsque je suis arrivée chez eux j’étais très faible.

Nous sommes arrivées à Paris à la Courneuve, dans une famille comorienne dans un T5. Ils étaient très accueillants. La mère insistait pour que je l’appelle mamie (Coco). Ils étaient généreux, formidables. Les mots sont faibles pour décrire cette famille. Il n’y avait que le papa qui n’était pas trop content de nous voir. Cette famille avait 7 enfants. 3 enfants partis de la maison (mariés) et 4 qui vivaient encore à la maison.

Puis Mamie Coco est partie quelques temps au pays.

Si le père avait terminé son travail, personne n’avait le droit de rester dans le salon. Il regardait la télévision et nous tous devions être dans les chambres. On restait dans les chambres et on écoutait la radio. Ma mère s’était acheté un téléphone mais elle n’avait pas le droit de l’utiliser. Horrible situation. Mais il était avec nous comme avec ses enfants et sa propre famille.

Au bout d’1 mois ma mère a pu avoir un rendez-vous avec le médecin.

Mon père : « je ne supporte plus d’être loin de vous » il répétait cette phrase sans cesse.

Ma mère : « Vous aussi, vous me manquez beaucoup. Tu sais j’ai pris rendez-vous chez le médecin »

Mon père : (répondu vexé) « parce que vous comptez rester là-bas… »

Ma mère : (énervée) « ce n’est pas pour le plaisir que je suis ici ! »

Mon père : « Excuse-moi c’est parce que je me sens pas très bien loin de vous. Je ne suis plus motivé au travail, parce que je veux garder les enfants. Ma mère habite à la campagne et je ne veux pas déranger tes sœurs pour qu’elles s’occupent des petites. »

Ma mère, répondu à voix basse : « Je ne sais pas pour combien de temps on va rester ici. »

 

Ma mère a trouvé une personne qui pouvait nous héberger tous. Elle était toute contente. Elle l’a partagé avec l’homme qui nous a hébergés à notre arrivée. Il a très mal réagit et a accusé à tort ma mère.

J’avais peut-être que 9 ans mais je me rappelle que ma mère est partie en larmes que l’on l’accuse à tort.

Le lendemain, ma mère est partie voir une assistance sociale pour nous aider à trouver un logement. Elle a trouvé un hôtel loin de mon école. Ça a duré comme ça pendant 3 semaines. La plus grande des filles de Mamie Coco a contacté ma mère pour lui proposer de nous accueillir. Ils étaient très accueillants. Elle avait 5 enfants dans un T4. On allait rester chez eux jusqu’à ce que mon père Vienne à Paris.

 

Le 1 octobre 2002, le jour de mon opération était arrivé. C’était également l’anniversaire de mon petit frère de 4 ans. Ma mère avait beaucoup de stress, elle ne connaissait pas l’hôpital, personne pouvait lui montrer, personne ne pouvait l’aider.

 

A mon réveil, j’ai vu mon père. J’étais émue. Je ne pensais jamais le revoir ! Lui aussi, il était ému aussi de me voir. Il m’a serré très fort.

 

Je crachais beaucoup de sang que ce soit par la gorge ou bien par le nez. J’avais toujours une boite de mouchoir avec moi. Je pouvais manger que des glaces. Je tiens à vous dire que j’étais très mince alors quand j’ai commencé à prendre du poids autour de moi, ils étaient heureux.

Mon père a tenu à ce que toute la famille aille remercier cet homme qui nous avait accueilli à notre arrivée. Ma mère n’était pas très joyeuse car cet homme l’avait fait souffrir en l’accusant à tort. Mais nous y sommes allés un week-end. Mon père est ainsi : le respect et les remerciements sont très importants.

 

J’étais vraiment heureuse que l’on soit de nouveau ensemble.

A Mayotte, Mon père travaillait beaucoup, il gagnait beaucoup d’argent. A Mayotte je pouvais lui demander n’importe quel caprice, je l’avais. J’étais la fille à papa. Jusqu’à aujourd’hui rien n’a changé.

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