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Aujourd’hui, ma vie n’est pas la même que la leur, mais leur vie fait partie de la mienne.

By Salim  |   From : Marseille  |   School : Collège Marie Laurencin

Je m’appelle Salim, je suis en classe de troisième à Marseille, ville dans laquelle je suis né. Je suis français d’origine algérienne.

Ma grand-mère, elle, n’est arrivée en France qu’en 1950. Elle ne parlait pas la langue du pays, elle a du apprendre et se perfectionner. Elle a réussi et a même développé l’accent marseillais.

Mon grand-père, lui, était arrivé à Marseille à l’âge de dix-huit ans, en 1947. Il parlait couramment le français et l’espagnol. Il travaillait alors au port autonome en tant que docker. Il est ensuite reparti en Algérie pour se marier avec ma grand-mère. Après le mariage, il est revenu en France, seul, pour préparer l’arrivée de sa femme en 1950. Ils se sont installés dans le quartier du Panier et ont eu cinq enfants. Les deux premiers enfants sont nés en Algérie, à Tlemcen et les trois autres, dont ma mère, ont vu le jour à Marseille. Mais ma grand-mère retournait souvent en Algérie pour aider sa propre mère, mon arrière grand-mère ainsi que mon arrière-arrière grand-mère dont le travail était sage-femme. Ce sont elles d’ailleurs qui ont aidé ma tante et mon oncle à venir au monde lorsque ma grand-mère a accouché au pays.

A côté de ces aller-retour, mon grand-père travaillait. Il a été un très grand travailleur, n’a jamais refusé l’effort et a reçu une médaille du travail, d’or, d’argent et de bronze, ainsi qu’une récompense écrite. Plus tard, en plus de son activité aux docks, il a ouvert un bar-restaurant. Mon grand-père comme ma grand-mère ont travaillé très jeunes pour aider leur famille financièrement : à neuf ans pour mon grand-père, à onze ans pour ma grand-mère.

La vie n’était pas facile tous les jours et une fois, il m’a raconté comment il avait perdu deux bouts de ses doigts (le majeur et l’annulaire) : une palette allait tomber sur deux dockers dans la cale ; étant prés de la chaîne et chef d’équipe, mon grand-père a fait ce qu’il devait faire, il a poussé les deux hommes hors de la zone de danger mais y a laissé les premières phalanges de ses deux doigts.

Aujourd’hui, ma vie n’est pas la même que la leur, mais leur vie fait partie de la mienne et m’aide à me construire jour après jour. »

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