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C’est difficile de vivre dans ce pays que tu ne connais pas

By Hisanya  |   From : Marseille, France  |   School : Ecole de la 2eme Chance (Marseille)

Je m’appelle houmadi hizanya. Je suis comorienne et je suis née à Mayotte. J’ai grandi sans père. Ma mère était enceinte de moi à l’âge de 15 ans. C’est dur de tomber enceinte à l’âge de 15 ans aux Comores sans être mariée. Dès qu’elle a su qu’elle était enceinte, elle est allée voir l’homme dont elle était enceinte. Il lui a dit qu’il n’était pas le père.

Alors ma mère a décidé de partir à Mayotte pour faire sa vie et s’occuper de moi. Elle se débrouillait pour avoir le mieux pour moi et pour sa famille. Elle s’est occupé de moi jusqu’à l’âge de 2 ans puis elle m’a envoyé à ma grand-mère aux Comores. Tout simplement parce qu’elle n’avait pas les moyens pour me garder avec elle. C’était trop difficile pour elle. J’ai vécu avec ma grand-mère et le reste de ma famille jusqu’à l’âge de 10 ans. C’est à cet âge que je suis revenue à Mayotte afin de voir ma mère. Ça a été très difficile pour accepter une mère que tu n’as pas vue pendant 10 ans ! Quand je suis revenue à Mayotte ma mère m’a dit qu’elle était ma mère. Ça a été vraiment très dur pour moi d’accepter.

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Cela m’a pris des années pour accepter une mère que je n’avais pas vue depuis 10 ans. Et il m’a fallu beaucoup de temps aussi pour accepter un père que je n’avais pas et un beau-père que je ne connaissais pas non plus. Avec le temps, et les années j’ai appris à beaucoup l’aimer, et à le respecter. Si je suis là c’est grâce à ma mère et à lui. Je leur dois tout. Tout l’or du monde. Et j’ai l’impression que je pourrais ne jamais le leur rendre. C’est mon beau-père qui m’a inscrite à l’école. Grace à lui, j’ai appris à lire et à écrire. Il m’a appris à compter et ce qu’était le respect.

C’est très dur de vivre aux Comores. Là-bas, il n’y a pas la vie. C’est la misère. Surtout que je vivais sans ma mère, moi. Mais je ne l’invente pas, c’est vrai. Pour elle c’était trop difficile de me garder avec elle. C’est à mes 11 ans, un an avant de la rejoindre, que ma mère m’a révélé qui j’étais vraiment. Elle m’a tout raconté son histoire. Plus tard, Elle m’a dit « un père n’est pas celui qui t’as mise dans le ventre mais celui qui t’a élevé ».

Ce qui m’a fait le plus de mal, c’est que cet homme (mon père biologique) voyait comment je souffrais aux Comores. C’était difficile de vivre sans argent. C’est ma mère qui envoyait tous les vêtements et l’argent pour manger. J’ai trop souffert pour en arriver là. Et c’est grâce à mon beau père que je considère comme mon propre père. Lui, il m’a accepté comme sa propre fille parce qu’il nous regarde tous avec le même regard. Celui qui m’a mise dans le ventre de ma mère, J’ai même oublié son visage. Mais je pense qu’un jour tout se paie dans la vie. Merci à celui qui m’a accepté et qui m’a élevée jusqu’à là. Je suis reconnaissante pour tout. D’ailleurs, j’ai un message à passer à ma famille aux Comores : «Je ne vous oublie pas et on se reverra… »

Je suis venue en France le 21 avril 2016. Dès que l’avion a atterri, j’ai commencé à penser   à ma famille. C’est difficile de vivre dans pays que tu ne connais pas. C’est trop dur de vivre sans la famille. Depuis 2004, lorsque je suis revenue à Mayotte pour connaitre ma mère, je n’étais plus habituée à vivre seule. Je m’étais attachée à ma famille et à mes amies. En France je revis la solitude que je connaissais aux Comores. Si je suis ici c’est pour ma mère car elle veut que je puisse avoir une bonne situation, et un travail. Dès mon premier pas en France, j’ai cherché une formation. Ça a été dur mais je l’ai trouvé. Ma passion est la petite enfance. Je suis venue en France pour réussir mon projet. C’est très difficile de vivre loin de ceux que tu aimes, mais je veux réussir dans la vie. Je résiste dans ce pays que je ne connais pas pour le meilleur ! Et comme on dit toujours : « Dans la vie il faut souffrir pour avoir le meilleur. »

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