Sorry

Medley/Instants Fragiles

By Marion Teurlay  |   From : Arles, France  |   School : College Frederic Mistral

Belgian : My great-grandmother, Germaine, fled from Belgium with her parents and her brother because of the German invasion at the, beginning of the first World War. They arrived in Arles in 1919. She was 14-years-old. She met my great-grandfather, Louis, and had four children, Jeannot, Yvette(it’s father’s mother !), Gilberte and Odette. She never went back to Belgium but she never forgot her cat and her doll that she had to leave behind during her flight.

Spanish : Joackim was my great-great-grandfather. His parents left Spain to find a job in France. He married with Antonia, a Spanish. They had six children, including Elise, my father’s dad’s mom.

Provençale : On my mom’s side, I am « provençale ». Her father is a Marseillais and her mother comes from a farmer’s family of Vaucluse.

English : I’m not sure but, I might have, for ancestor, an english soldier. At the end of the Hundred-Years War, he would have stayed in Bordeaux ,France.

 

Instants fragiles:

Je suis là, entourée de mes proches. Je m’agite sur le banc de la mairie. J’ai 2 ans. La cérémonie est trop longue à mon goût. J’en ai marre. Et si j’allais voir Maman ? «Non tu restes là» dit Mamie m’empêchant de me lever. Je croise les bras. Je boude. Enfi n c’est fi ni ! On retourne chez Manou. Que Maman est belle avec sa robe bleue à fl eurs rouges. Elle a aussi un grand chapeau tout rouge. Moi aussi j’ai un chapeau et une belle robe blanche. Je joue un peu avec ma cousine, Elsa. Maman m’a donné son bouquet. J’aime pas trop
le gâteau. Tout le monde me regarde. Je suis contente. A la fin de la journée, il ne reste plus rien du bouquet de la mariée…

Cidre au fond des verres
Des confettis solitaires
Rires encore dans l’air
«Marion, tu vas un peu trop vite !
-Mais non Papa ! T’inquiète !»
Je dévale la pente sur mon vélo. J’adore la vitesse, vraiment. Je prends les virages avec confi ance. Je me sens galvanisée par l’adrénaline qui me gagne peu à peu. Le vent fouett e mon visage. Cela fait tellement long-temps que je n’ai pas pris tant de plaisir à vélo. A cinq ans, je m’étais ramassée par terre parce que j’avais pris trop de vitesse. J’avais encore les peti tes roues et le virage était trop serré. Et vlam ! je me suis ouvert le menton. Cette expérience m’a traumatisée, j’ai encore la cicatrice. Je vais encore plus vite. Je ne pense même pas à freiner. «Marion, ralenti s !» crie encore mon père. Avant d’avoir eu le temps de comprendre ce qu’il venait de me dire, mon vélo dérape et je me retrouve par terre, la tête dans les cailloux. Je reste allongée, le nez violacé et les larmes aux yeux. J’ai pas envie de bouger, ça me fait mal.

Douleur silencieuse
Le sol est beaucoup plus près
Les dents serrées
Boules dans ma gorge
Mes yeux bordés de larmes
Et l’absence présente

La barbe à papa ça colle les doigts. Je saute de partout, enivrée par les lumières que clignotent, les lueurs des spots et par les rires entre potes (je sais, plus tard, je serai poète). L’euphorie me gagne, je vais de stand en stand. Pêche au canard, chenille, auto-tamponneuse, toboggan gonflable ! Je veux tout faire ! Soudain, j’entends mes parents parler devant moi:
«Que c’est triste ! Pauvre Lucie ! Elle avait à peine vingt ans !
-Quoi qu’est-ce qu’elle a Lucie ? je demande.
-Elle s’est suicidée», me répond ma mère avec son tact légendaire.

Mon sourire s’efface. Je suis choquée. Je demande des détails. On m’en donne.
Lucie ma baby-sitter, la fille d’amis à nous. Elle nous offrait plein de jouets à mon frère et moi. Même un porte-monnaie «Loulou, Riri, Fifi» que j’utilise encore. Ma gorge se serre, je n’ai plus envie de rire. Je ne la reverrai plus jamais.

Boules dans ma gorge
Mes yeux bordés de larmes
Et l’absence présente

«Non c’est à mon tour! Tu l’as déjà eu la dernière fois!
-Mais toi tu l’as eu deux fois de suite!
-Mais t’es rien qu’un menteur!
-Je suis pas un menteur!

Je ricane. Il hurle de plus belle: «C’est même pas drôle!»

Et il me donne un coup de pied. Je pousse un cri. «Mais t’es complètement malade !»
Et je me rue sur lui pour lui tirer les cheveux. Il tente de me frapper, je le mords. On roule par terre. Je l’achève avec un coussin.

Ma mère arrive et relève mon frère: «Marion, mais qu’est-ce que tu lui a fait?
-Eh oui, voilà ça va être de ma faute ! Mais c’est lui là il veut…
-Non l’écoute pas !! Elle dit n’importe quoi ! C’est moi qui doit manger le dernier yaourt à l’ananas !
-Mais tu l’entends maman ! Il veut le prendre seulement parce qu’il sait que j’adore ça !»
Ma mère écarquilla les yeux. «Tout ça pour un yaourt! Mais Marion tu es l’aînée. Donne le bon exemple !
-Je le sais c’est lui ton préféré ! Pareil pour Maxime ! Moi vous ne m’avait jamais aimé ! Je ne suis qu’un prototype ! Une erreur !»
Et je cours m’enfermer dans ma chambre. Je m’effondre en pleurant. Je les déteste ! Je les déteste ! Un mo ment passe… J’ai déjà honte…

Vision rouge sang
Poing serré trop près de son nez
Je le regretterai
« OK à ton tour ! »

Je respire à fond. Je lui donne un petit coup de talon pour rejoindre la piste à ma gauche. Je le mets au trot, m’assois, recule la jambe extérieur, me redresse, décolle mais main de la crinière, et donne un coup de talon. « Galop, galop » Et il y va. Je sens le cœur de cet animal de cinq cent kilos sous moi. A moins que ce ne soit le mien. Je sens le vent sur mon visage, la sensation de liberté qui m’envahit. « Serre tes jambes pas tes genoux et baisse les talons ! » Je m’exécute. J’ouvre mes mains vers l’obstacle. On fonce droit sur lui. Je ne fixe que lui. On passera. Et Fanfan décolle. Moi aussi. Moi qui dépassait tout le monde d’au moins trois têtes, je me retrouve le nez dans le sable de la carrière en quelques dixième de secondes. On ne dirait pas mais c’est très déboussolant comme situation. Je me relève en tremblant. Fanfan vient coller sa grosse tête sur moi. Je la repousse, en colère malgré moi. Ma main saigne, toute écorchée. J’entends mon cœur qui veut sortir de ma poitrine. Sandra, la monitrice, se précipite sur moi :
« Tu ne t’ai pas fait trop mal, ça va ? Tu te sens d’attaque pour retenter le saut ? »
J’acquiesce.
« Bien alors ne te lève pas trop et pas trop tard, accompagne avec ton bassin ton cheval, et donne lui des rênes.Il faut le gêner le moins possible. »
Je remonte en selle et repars au galop.
« Et baisse moi ses talons ! » hurle Sandra. Je ris et tente de me détendre. Je répète à Fanfan que tout ira bien et qu’on va y arriver. Lui je n’en doute pas, moi…et bien c’est moins sûr. Il tente de me gruger mais je ne le laisse pas faire et le remets sur la piste. Voilà l’obstacle. Je me mets en position et… je passe !  YYYYEEEESSSSSS!!!!!!!!!!! Je me pends au coup de Fanfan : « Mais tu sais que je t’aime toi ! »

Respire fort
Mon cœur tente de s’enfuir
Mes mains en tremble

Pour moi ce qui fait la vie c’est tout ses petits moments sans grandes importances pour l’avenir, qui peuvent être bon, mauvais ou les deux. Ils font mon quotidien, ils font ce que je suis. Ce sont mes plus beaux trésors…

Pour un seul instant
Un tsunami d’émotions
Le temps d’un sourire

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