Toutes les épreuves, même les plus dures, on les a vécues ensemble.
From : Marseille | School : Collège Marie LaurencinNotre histoire est vraiment très compliquée. Nous venons d’Albanie, plus précisément de Shkodër. Nous sommes venus en France le 1er septembre, à Lyon. Nous sommes restés là-bas trois mois avec beaucoup de difficulté. Nous ne connaissions personne mais aussi la langue française était très dure pour nous. Nous dormions dans des hôtels mais parfois c’était dur car nous n’en trouvions pas. Mais l’hôtel c’était fini pour nous car il fallait aller là où toutes les personnes comme nous allaient, c’est-à-dire dehors. Pour manger, nous allions chaque jour dans un restaurant exprès pour les réfugiés. Là-bas, il y avait beaucoup de disputes et de bagarres entre la sécurité et des jeunes. On faisait la queue pendant des heures quand il pleuvait, quand il faisait chaud, pour une nourriture pas très bonne. On ne dit pas que ce n’était pas bon, car il valait mieux ça que rien. Parfois on se sentait humiliés et triste car tout ça, c’était très différent de notre vie en Albanie. Vous vous demandez sûrement pourquoi nous avons quitté notre pays si c’était bien, mais des raisons très fortes ont été la cause de notre départ. Chaque matin, on allait voir s’il y avait des nouvelles pour une maison ou un appartement, mais à chaque fois on repartait les mains vides. La place où on est restés pendant un mois, c’était sous un pont à Lyon. Il y avait 300 autres tentes avec nous. On vivait avec des gens qu’on ne connaissait pas, des gens sales. C’était un endroit où on ne pouvait pas faire à manger, ni dormir. Parfois, ma mère dormait dehors pour nous laisser la place car notre tente était trop petite pour six personnes. Pour aller aux toilettes, il fallait marcher vingt minutes. On faisait ça tous les matins pour nos besoins. La nuit quand il pleuvait beaucoup, nos habits se mouillaient. On avait froid. Parfois je n’arrivais pas à dormir et quand je me réveillais, je voyais ma mère en train de pleurer. Je me sentais vraiment mal de la voir comme ça sans pouvoir rien faire. Certaines nuits, on entendait des gens alcoolisés crier et on avait vraiment peur. Cela a duré trois mois. Je me suis alors rendue compte qu’à part ma famille, je n’avais personne. Toutes les épreuves, même les plus dures, on les a vécues ensemble. Puis, arriva le jour où on a reçu u coup de fil et c’est là que nous avons atterri à Marseille, mais pas n’importe où, dans la cité de la Castellane dans les quartiers nord. Nous sommes arrivés là-bas et comme d’habitude nous ne connaissions personne et ne parlions pas français mais nous savions parler anglais et ça nous a beaucoup aidés. Nous avons commencé l’école, l’une en 6ème et l’autre en CM1. En CM1, c’est moins difficile qu’en 6ème car ils sont plus grands donc c’était vraiment dur pour moi ! Je ne savais pas parler un seul mot français. J’ai dû faire six mois de FLE (Français Langue Etrangère), mais quand on veut vraiment quelque chose, on peut y arriver. Nous avons beaucoup changé de maisons, traversé beaucoup d’épreuves mais malgré tout ça, on ne s’est jamais lâchés et on était soudés.